Dix jours au Bangladesh
JOUR 1 :LONDRES – DHAKA
18 heures porte à porte. Les agents d'immigration bangladais sont aussi amicaux que les représentants des voyages d'accueil. Je sors de l'aéroport vers un mur de bruit avec de l'énergie qui crépite dans l'air comme si un orage était sur le point de frapper. La réalité est une grève nationale avec des manifs, la police anti-émeute et 3 personnes déjà mortes. Je me connecte avec mes fixateurs locaux et je peux dire que l'organisation de ce tournage va être aussi simple que de garder des chats sur du crack.
JOUR DEUX :DHAKA
Mon réveil est une symphonie de klaxons asthmatiques provoquant des acouphènes. Je me dirige vers le vieux quartier de ce mosh pit en sueur d'une ville. C'est électrique et excitant, comme être branché sur le secteur. Presque chaque coin de rue laisse une image gravée sur vos globes oculaires.
À la mosquée centrale, un incident bruyant démarre pendant la prière du vendredi alors qu'un fondamentaliste s'offusque gravement de la présence d'un infidèle avec une caméra. Mon cœur n'a pas emballé si vite depuis que j'ai été agressé et battu au couteau en Amérique du Sud il y a des années. Je suis sauvé par des fidèles amicaux, prends mon kit et quitte pendant que je suis devant.
JOUR TROIS/QUATRE :DHAKA – SRIMANGAL
Si Dhaka est comme un coup de poing au visage, Srimangal est un chatouillement affectueux sous le menton. Je ne savais pas qu'un horizon plein de théiers pouvait être aussi beau et serein. Des heures de négociations via deux traducteurs (de l'anglais vers le bengali, Bangla à Deshali) sécurise l'accès à une plantation de thé coloniale et à ses travailleurs. Ils se sont arrêter, nous bavardons, Je tire. Cela devient l'un de ces moments magiques imprévisibles où quelque chose d'inexplicable traverse l'appareil photo entre le tireur et le sujet.
JOUR CINQ – SEPT :SRIMANGAL – BANDARBAN
J'arrive en territoire kidnappé et insurgé. Il y a d'interminables doubles prises à l'observation rare d'un étranger, chacun suivi d'un sourire. Un imam permet étonnamment l'entrée à l'école religieuse islamique. Le directeur n'est pas très accueillant et après 3 clics de l'obturateur arrive et me met dehors.
Les gitans de l'eau sont amarrés à proximité sur un tronçon de la rivière qui est également un bain communautaire, piscine et machine à laver. La circulation sur le pont s'arrête totalement alors que les conducteurs perplexes me regardent marcher tout habillé, Nikon en main.
JOUR HUIT – NEUF :CHITTAGONG
Un gamin appelé Munna attire mon attention et je m'allonge dans un tapis de merde de vache pour lui tirer dessus en train de se brosser les dents. Je me demande ce que fait le reste du monde à cette heure de la matinée. J'aime vraiment mon travail.
Il a fallu des semaines pour trouver un moyen d'accéder à l'un des tristement célèbres chantiers de démolition de la ville où les porte-conteneurs sont surréalement garés sur la plage comme des pédalos industriels, puis mis à part pour la ferraille. Je n'ai droit qu'à quelques minutes avec un ouvrier :Akbar, 22, Titre du poste :« homme de coupe et martelage ».
JOUR DIX :DHAKA
De retour à Dacca, nous faisons sortir une future mariée d'un salon de beauté réservé aux femmes. Elle pose joyeusement avant de partir pour la cérémonie et le début de la vie de couple.
Là-bas dans le quartier des tanneries Mohammed, un tire-pousse, fournit la finale photographique parfaite. Parmi les passagers qu'il doit transporter, il livre également une citation du voyage :« un gros, mince, ou gros avec 10 armoires, tout est dû à la chance.